Certaines personnes vivent leurs émotions avec une intensité décuplée. Une remarque banale peut les blesser profondément, une joie simple les enflamme comme un feu d’artifice, une séparation les bouleverse comme un tremblement de terre. Cette intensité émotionnelle est une réalité intérieure qui colore chaque expérience de vie.
Mais face à cette puissance des ressentis, beaucoup développent une stratégie : le contrôle. Contrôler son image, ses paroles, ses réactions, parfois jusqu’à étouffer ce qui se passe à l’intérieur. Non pas par manque d’authenticité, mais par peur d’être jugé faible, vulnérable, instable ou « trop ».
Dans cet article, je vous propose d’explorer ce lien entre intensité émotionnelle et besoin de contrôle, en donnant des exemples concrets et des pistes pour retrouver plus de douceur avec soi-même.
L’intensité émotionnelle
L’intensité émotionnelle se manifeste par une manière d’éprouver la vie « sans filtre », de ressentir tout très fort.
Voici quelques exemples concrets :
- La joie : une bonne nouvelle peut provoquer une euphorie difficile à contenir, comme sauter de joie pour un petit succès professionnel, alors que les collègues réagissent plus sobrement.
- La tristesse : une scène de film bouleverse au point d’en pleurer longtemps, alors que d’autres semblent vite tourner la page.
- La colère : une injustice ou une remarque déplacée déclenche une réaction vive, une envie d’exploser (comme cette sensation de volcan qui explose) ou de rétablir immédiatement l’équilibre. (pour aller plus loin sur la colère : https://celinecaille-resonance.fr/comprendre-et-apprivoiser-la-colere/)
Ce mode de fonctionnement rend la vie riche et vibrante… mais aussi parfois épuisante, éprouvante. Car dans un monde qui valorise la maîtrise de soi, la gestion de ses émotions, voire l’oubli des émotions, ressentir et exprimer ses émotions est souvent mal perçu. Donc, on préfère les enfouir et montrer une façade contrôlante de maîtrise de soi.
Le besoin de contrôle : une armure contre le jugement
Face à cette peur d’être jugés, critiqués comme « faibles », « instables » ou « immatures », les personnes à forte intensité émotionnelle adoptent des stratégies de contrôle.
Le contrôle de l’image : afficher un masque de sérénité, même quand tout bouillonne à l’intérieur.
Exemple : sourire et dire « tout va bien » au travail, alors qu’on est sur le point d’éclater en larmes.
Le contrôle du langage : peser chaque mot, éviter de dire ce que l’on ressent vraiment par peur de déranger.
Exemple : répondre poliment à une remarque blessante, mais ruminer ensuite pendant des heures.
Le contrôle des réactions corporelles : se forcer à ne pas trembler, retenir ses larmes, croiser les bras pour contenir une émotion comme pour se protéger.
Le contrôle relationnel : mettre de la distance, éviter de se livrer, pour ne pas risquer de montrer sa vulnérabilité.
Ce besoin de contrôle devient ainsi une armure. Il protège, mais il enferme. Car à force de retenir ce qui est vécu à l’intérieur, l’énergie finit par se retourner contre soi : anxiété, tensions physiques, fatigue émotionnelle.
Exemples concrets de ce cercle émotion-intensité-contrôle
1. La réunion de travail
Claire, hypersensible, reçoit une remarque de son supérieur sur la qualité de son dossier. Intérieurement, elle ressent une boule au ventre, un mélange de honte et de colère. Son corps est en alerte : rythme cardiaque qui s’accélère, chaleur qui monte. Mais elle garde un visage impassible, elle sert des dents. Elle note, acquiesce, et ne dit rien.
Le soir, pourtant, elle ressasse la scène encore et encore, avec un sentiment d’injustice. Le contrôle l’a protégée à l’instant T, mais l’émotion non exprimée reste coincée.
2. La relation amoureuse
Thomas vit l’amour avec intensité. Quand sa compagne ne répond pas à ses messages, il ressent une angoisse immédiate, comme un abandon. Plutôt que de montrer sa peur, il se met à contrôler la relation : il se retient d’écrire, fait semblant d’être indifférent. En réalité, il souffre, mais n’ose pas montrer sa vulnérabilité, de peur d’être jugé « dépendant » ou « fragile ».
3. L’amitié
Sophie se sent profondément blessée quand une amie annule un rendez-vous au dernier moment. Au lieu d’exprimer sa déception, elle répond : « Pas de souci, une autre fois ! ». En dedans, elle vit un raz-de-marée d’émotions où elle interprète, se fait des films, mais elle préfère garder le contrôle pour ne pas passer pour « susceptible ».
Le prix du contrôle permanent
Le besoin de contrôler ses émotions n’est pas gratuit : il a un coût.
- Physique : tensions musculaires (mâchoires serrées, tensions dans les cervicales…), maux de ventre, migraines, fatigue chronique.
- Psychologique : anxiété, sentiment d’être incompris, frustration.
- Relationnel : distance avec les autres, difficulté à créer des liens profonds, isolement intérieur.
En cherchant à ne pas paraître « faible », on finit par s’éloigner de sa vérité et par vivre derrière un masque.
Vers une autre posture : accueillir sans se noyer
Sortir de ce cercle ne signifie pas « tout lâcher » ou se mettre à exprimer chaque émotion brute. Il s’agit plutôt de trouver un équilibre entre ressenti et expression.
Je vous propose ici quelques pratiques toutes simples à mettre en place pour petit à petit trouver cet équilibre intérieur.
La 1ère et la plus importante est de reconnaître ce qui se passe à l’intérieur.
Mettre des mots sur ce qui est vécu : « Je ressens de la colère », « Je me sens triste », « Je suis touché ». Rien qu’en nommant l’émotion, on allège sa charge. Il est parfois difficile de mettre des mots sur ce que se vit à l’intérieur.
Parfois, de prendre un stylo et un carnet et de noter tout ce qui vient, sans jugement, d’écrire des mots, des phrases en laissant aller la pensée, permet de déposer l’émotion et de la libérer.
Ensuite, bien sûr, de mettre en place des pratiques pour réguler ses émotions, cette intensité émotionnelle.
Respirer profondément, s’ancrer dans le corps, marcher,… permettent de laisser circuler l’émotion plutôt que de la réprimer.
Cultiver la sécurité intérieure
Plus on se sent en sécurité soi-même, moins on a besoin de contrôle. Des pratiques comme la sophrologie, la méditation ou la visualisation peuvent aider à développer cette base solide. En étant sécure, on s’autorise à lâcher les masques petit à petit, à se libérer de la peur du jugement et à ressentir pleinement ce qui se joue.
Exprimer avec justesse
Trouver des manières d’exprimer son ressenti sans exploser ni se taire. Exemple : dire à une amie « Je suis un peu déçue que tu aies annulé, j’avais vraiment hâte de te voir » plutôt que d’avaler sa peine en silence et de créer des ressassements et de la frustration.
Pour aller plus loin : https://celinecaille-resonance.fr/et-si-ralentir-pour-revenir-a-soi-etait-la-solution/
Transformer la vulnérabilité en force
Et si montrer ses émotions n’était pas une faiblesse, mais une preuve de respect de soi et de responsabilité ?
– oser être soi-même
– être authentique et sincère envers les autres (et soi!)
– créer des liens profonds et vrais
– libérer l’énergie vivante ET créative !
Selon moi, la véritable force ne réside pas dans le contrôle permanent, mais dans la capacité à se respecter soi-même ! Et le respect passe par l’écoute de soi et l’amour de soi.
Conclusion
L’intensité émotionnelle est une richesse, une manière de vivre la vie en couleurs vives. Mais pour ne pas paraître faible, beaucoup se protègent derrière un besoin de contrôle qui finit par les enfermer.
Apprendre à accueillir ses émotions, à les réguler et à les exprimer avec justesse permet de transformer ce fardeau en force. Car être authentique dans sa vulnérabilité, c’est offrir au monde ce qu’on a de plus précieux : notre humanité.
Et si tu sens que tu as besoin d’être accompagnée, n’hésite pas à me contacter : https://celinecaille-resonance.fr/